Le jazz rugissant

Le concert annuel du Lions Club de Saint-Louis a rempli la Coupole vendredi soir. Du jazz de grande qualité, comme de tradition.

Grosse affluence dans les travées de La Coupole vendredi soir pour le traditionnel concert de jazz organisé par le Lions Club de Saint-Louis. Un rendez-vous désormais incontournable pour les amateurs de jazz. Tant il est vrai que le Lions de la Cité des Trois Lys n'a pas son pareil pour mitonner chaque année à son fidèle public un programme surprenant, innovant et séduisant.

Du jazz pour des grandes causes

Un Lions Club dont les motivations sont pourtant à cent lieues de la musique. Cette organisation philanthropique, comme l'a rappelé le président de la section locale Roland Kloetzlen, a pour vocation d'agir pour le bien commun, de « servir dans l'amitié », en soutenant des grandes causes, comme la lutte contre la maladie d'Alzheimer. Personnes en souffrance, détresses liées à la maladie, mais aussi promotion de la culture. Le chantier est immense et le Lions International s'y est attelé depuis de nombreuses années déjà, en finançant des actions qui nécessitent des moyens importants. Le concert de jazz annuel y contribue de manière substantielle. Deux affiches cette année. Une première partie de concert qui a permis au public de découvrir le jeune pianiste Vincent Bidal, un musicien que l'on avait entraperçu l'année dernière à l'occasion du mémorable concert de Yorgi Loeffler. Un musicien d'une grande finesse, au doigté délié et aux notes cristallines. Un style résolument moderne, entre Lyle Mays et Brad Mehldau, avec du Oscar Peterson dans les fondamentaux, orienté vers un jazz aérien et parfaitement harmonique. Des standards, des compositions personnelles, mais aussi des reprises de chansons françaises « jazzifiées ». Un pianiste d'une exceptionnelle maturité qui, pour peu qu'il évite le travers « Summertime » et personnalise son répertoire, ne devrait pas tarder à se faire une place dans l'univers foisonnant du jazz.

Et viva Casa Loma !

Après l'habituelle remise de chèques aux associations caritatives (cette année, l'association « Main dans la main » et le Centre Local d'Information et de Coordination de la Maison du Lertzbach)), changement de style pour la seconde partie de concert. Avec le « Casa Loma Jazz Band », pour un set consacré au New Orleans et au Swing. Une formation assez incroyable, dont les musiciens sont issus du secteur des Trois Frontières, au charme indéfinissable et au talent à fleur de peau. Queues de pie, chaussures vernies, planche à laver, hélicon et banjo. Toute la panoplie des années vingt, ressuscitée sur la scène de la Coupole. Des sacrés musiciens, d'une bonne humeur communicative, heureux comme des gamins (à un âge que la bienséance ne nous permet pas de dévoiler...) d'interpréter une musique qui aurait même déridé Buster Keaton. Une musique qu'ils balancent comme à la parade, extirpée de partitions aussi épaisses que des annuaires téléphoniques. Et ça swing, ça blues, ça charleston comme à Baton Rouge dans les années héroïques. Entre King Oliver, Jelly Roll Morton et Bix Beiderbecke. Tiger Rag sur toute la ligne ! C'est tout simplement formidable et l'on se demande alors pourquoi on nous a caché aussi longtemps une formation d'un tel charisme, qui faisait vendredi soir sa première apparition à la Coupole. Grâce aux bons soins du Lions Club de Saint-Louis pour lequel le jazz n'a désormais plus aucun secret.